POQUELIN II

Après Poquelin (2003), tg STAN ose Molière une seconde fois. De nouveau armés d’un échafaudage bancal comme scène et d’un nombre limité d’attributs, les formidables acteurs flamands jouent en français un montage déjanté de L’Avare (1668) et du Bourgeois Gentilhomme (1670) en moins de deux heures et demie: deux satires sociales qui discréditent impitoyablement la bourgeoisie, entre l’obsession maladive de l’argent et les manies tape à l’œil des «nouveaux riches» qui tentent d’imiter la noblesse. Loin de la reconstitution historique – grâce à un théâtre en contact direct avec le public, sans décor, sans illusion clinquante ni manipulations ingénieuses –, la langue de Molière éclate pourtant dans toute son acide splendeur et vient nous frotter les oreilles avec des thèmes qui ne sont pas sans nous rappeler notre époque, de la crise bancaire à la lutte des classes en passant par le matérialisme et les conflits de génération.

Refusant tout dogmatisme depuis sa création en 1989 (disparition du metteur en scène, illusion théâtrale brisée, langage et jeu de l’acteur au centre), le groupe tg STAN multiplie les projets qui échappent à toute
classification (STAN signifie S(top) T(hinking) A(bout) N(ames)) et frappe à chaque fois par sa maîtrise du jeu au naturel et sa joyeuse complicité avec le public. Unanimement saluée par la critique à sa création en néerlandais, cette comédie fantasque et carnavalesque si proche de la vie révèle surtout le caractère éminemment théâtral de nos existences