VELVET

Après Vacuum et Hocus Pocus qui reposaient sur des jeux d’apparitions et de disparitions entre deux néons, puis avec Ether et des images travaillées à l’aide de nombreux fumigènes, Philippe Saire propose un sixième dispositif dans la série de ses pièces chorégraphiques en convergence avec les arts visuels. Avec ce nouvel opus, composé d’une série de rideaux suspendus les uns derrière les autres, il cherche à nous faire vivre avec une intensité rare le suspens de nos attentes. «C’est un réel travail sur nos sensations qui m’importe», énonce-t-il. Chaque tissu est un prélude: les paillettes évoquent le show, le doré est joyeux, le noir est plus austère… L’équilibre entre le sens et la sensation est plus que jamais sollicité. En découle une distribution qui mêle une danseuse qui chante, un danseur virtuose et un comédien qui bouge. Ils vont constituer un lien narratif dans la succession des images, élaborées à partir d’ambiances et de textures sonores abstraites, réceptacle de diverses situations scéniques. Et peut-être que comme les velours rouges onctueux et moelleux de la Loge Noire dans Twin Peaks de David Lynch, le rideau dévoile, derrière ses aspects moirés et ses textures diversifiées, un monde pourtant insaisissable. Une ouverture sur nos sens, nos sensations, tout ce qu’il y a «derrière», au-delà des apparences?